Débat : l’entrepreneuriat va-t-il jouer un rôle dans la guerre des talents?

Essayons de poser la question simplement. La rentrée des classes et des auditoires a été placée par les politiques francophones sous le signe de l’entrepreneuriat. Et le statut d’étudiant-entrepreneur semble prendre une ampleur nouvelle… Nos entreprises doivent-elles craindre désormais une nouvelle concurrence lorsqu’il s’agit d’attirer les meilleures jeunes talents? « Tous entrepreneurs », entend-on… Et si demain, sur le marché de l’emploi, ne restaient disponibles que des profils manquant de leadership et de courage?

Le débat est ouvert. La promotion intensive de l’entrepreneuriat pourrait modifier la donne en ce qui concerne le recrutement des futurs dirigeants.
L’agence pour l’entreprise et l’innovation de Wallonie annonce en cette période de rentrée de nouveaux plans tels que « Générations entreprenantes » et ses déclinaisons comme les statuts d’étudiants entrepreneurs. Elle insiste également sur la mise en place de 3 parcours de formation, soutenus par un accompagnement et du réseautage pour tous les enseignants de Wallonie.
Ce programme « Générations entreprenantes 2015-2020 » se fonde sur différents axes dont nous retiendrons l’organisation d’un réseau wallon de dispositifs visant l’accompagnement des étudiants-entrepreneurs
et la facilitation de leur projet au sein de leur parcours académique; la promotion des Ecoles entrepreneuriales et leur mise en réseau; la formation continuée des enseignants en entrepreneuriat; et le rassemblement en parcours des activités de sensibilisation et de formation à l’entrepreneuriat pour les jeunes. 

A noter, sur la dimension d’accompagnement des étudiants-entrepreneurs, l’implication des hautes écoles et universités dans la logique visant à proposer l’incubation et la facilitation académique au profit de ces jeunes. Le nombre d’écoles développant des activités denses en matière d’entrepreneuriat est estimé à 250 sur le territoire wallon!

Même si nous restons sceptiques à ce jour, ne serions-nous pas en train d’assister à un mouvement significatif, qui pourrait s’immiscer à l’avenir dans une guerre des talents qui s’annonce compliquée?

Dans le même temps, de nombreuses publications font écho à la montée des auto-entreprises au cours de ces dernières années. Celle-ci modifie fondamentalement le rapport au travail. Et tant la législation sociale que les entreprises les moins agiles semblent éprouver des difficultés à s’adapter. Ainsi récemment, Grégoire Leclercq, président de la FEDAE en France, remarquait via le site lesechos.fr que « C’est parce que notre société a muté, et son économie avec, que l’autoentreprise est venue bousculer les certitudes en la matière. Au-delà du simple droit à entreprendre, c’est la volonté de se réaliser et d’être reconnu socialement qui a pris le pas sur les schémas hiérarchiques ou paternalistes d’hier ; à savoir : se lancer sans connaissance approfondie, sans frais de départ, sans démarches administratives lourdes… Donc être aventureux au sens noble du terme, alors que la crise a atomisé le marché de l’emploi depuis 2007. Cette liberté, exercée d’ailleurs dans de nombreux autres pays au monde, amène une seconde réalité, dont tout le monde parle comme du « tournant économique du siècle » : l’ubérisation, c’est-à-dire la recherche de plus d’indépendance, et la volonté de plus de compétitivité de la part des employeurs, au regard des taux des charges salariales comme patronales qui amènent à rechercher, quand c’est possible, d’autres formes de main-d’oeuvre.
Avec l’autoentrepreneuriat, l’indépendance se substitue petit à petit au salariat,… Le salariat n’est plus la forme optimale du travail pour les entreprises, ni pour leurs collaborateurs. Il est même oublié pour la grande population des demandeurs d’emploi qui ont pensé pouvoir retrouver un « salaire », avant de réaliser qu’ils pouvaient chercher un « revenu ». Alors oui, l’autoentreprise a l’avenir devant elle. Ce n’est ni en changeant son nom, ni en niant son intérêt qu’on en minimisera l’impact. Son développement est inexorable, comme la réforme de notre modèle social est inévitable ! »
Difficile de nier cette tendance, même si nous n’assistons pas dans les faits à une tempête soudaine mais plutôt à une transformation progressive sur le marché du travail. La question reste posée: et si demain, l’entrepreneuriat devenait le premier concurrent de l’entreprise lorsqu’il s’agit de recruter de nouveaux talents? Qu’en pensez-vous? Partagez votre avis en vue de notre prochaine publication Peoplesphere, édition imprimée à paraître à la fin de ce mois de septembre. Pour nous contacter : redaction@peoplesphere.be

 

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