Génération Y: plaidoyer pour la cohérence

Les anecdotes se multiplient. Les réflexions de nos collaborateurs issus de la génération Y ne manquent pas de nous surprendre. Mais nous devons nous interroger quant à la pertinence de certaines représentations et de nos comportements managériaux…

« C’est la génération ‘si c’est ça la vie, alors je mange le dessert d’abord’, explique Christine Charlotin, consultante dans les colonnes du Monde. Les fameux enfants rois de Françoise Dolto. On a voulu qu’ils soient épanouis. On leur a donné plus d’amour que d’éducation et de règles. Depuis 1996, les garçons ne font plus leur service militaire. Mais ce sont aussi les enfants du divorce, de grands sensibles. Ils ont eu l’habitude d’être écoutés, cajolés. Leur éducation leur a donné une bonne image d’eux-mêmes. » « Avant, on inculquait aux enfants l’idée d’avoir une bonne situation professionnelle, maintenant, on leur dit d’être heureux, résume Francis Boyer (formateur – à retrouver dans votre Peoplesphere du mois de novembre 2014 consacré au développement organisationnel). Vos problèmes personnels, vous aviez appris à les laisser au vestiaire. Un jeune qui vous explique qu’il n’arrive pas à bosser parce qu’il s’est disputé avec sa nana, vous ne pouvez pas lui répondre « on s’en fout », ce serait pris pour du harcèlement… »

Confrontés à la brutalité du marché…

Comment gérer de manière optimale cette génération paradoxale? Est-il nécessaire d’ailleurs d’adopter une stratégie ou des tactiques spécifiques? Quelques certitudes émergent déjà :
* la consigne et l’injonction ne fonctionnent pas.
* admettre le droit à l’erreur
* envoyer des feedbacks immédiats
* offrir de la flexibilité et de la liberté quant à la gestion du temps de travail

Le philosophe Michel Serres dans Petite Poucette, son dernier livre, évoque la brutalité du marché de l’emploi pour expliquer le détachement de cette génération vis-à-vis de l’entreprise :  » Petite Poucette cherche du travail. Et quand elle en trouve, elle continue d’en chercher, tant elle sait qu’elle peut, du jour au lendemain, perdre celui qu’elle vient de dénicher. »

Des caractéristiques propres à la jeunesse tout simplement

L’insolence, l’impertinence, la dillution du principe de respect… Le Monde reprécise : « Cela ne correspond-il pas plutôt aux immuables caractéristiques de la jeunesse ? Celui qui considère parfaitement normal de travailler avec des écouteurs est-il fondamentalement différent de celui qui, une génération plus tôt, ne voyait pas pourquoi il continuerait à porter une cravate ou à vouvoyer son collègue ? Rien de neuf dans le conflit opposant les anciens aux modernes. « La jeunesse subversive mais créative et aimant le risque, ça a toujours existé. Le stéréotype de l’étudiant agité, en phase avec l’air du temps mais dangereux, inspire les mêmes sentiments depuis un siècle », assure le chercheur Jean Pralong.

A ceux qui en douteraient, il cite le cas d’un jeune bricolo aux horaires aussi imprévisibles que les résultats : Gaston Lagaffe. Entré, chaussé d’espadrilles, dans la vie professionnelle en 1957. Les autres détracteurs des formations au management de la génération Y font valoir que les moins de 30 ans n’ont pas le monopole de ces nouveaux comportements. « On a mené une enquête comparative en posant les mêmes questions auprès de 900 personnes sur trois générations. Les trois vous disent qu’elles veulent un travail qui a du sens et trouver l’équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle… Les différences sont minimes ! » s’exclame François Pichault, professeur à HEC-ULG. Dans son étude ‘Pour en finir avec la génération Y… étude d’une représentation managériale’, il a testé les spécificités supposées de la génération Y, du « peu de sentiment d’appartenance à l’entreprise » à « la difficulté à se projeter ». Il y concède que les Y mettent davantage l’accent « sur le besoin de changer régulièrement d’environnement »…
Au-delà de ça, « ce n’est pas une génération Y mais une société Y. Allez dans n’importe quel conseil d’administration, ils sont tous connectés, ailleurs que là où ils sont supposés être ! Ces nouveaux comportements affectent l’ensemble des générations. » Dans les formations qu’il donne, Francis Boyer préfère d’ailleurs parler de « culture Y » que de « génération Y », convaincu que l’antagonisme ne se situe pas sur le plan des groupes d’âge. Comme l’interroge l’étude de François Pichault et Mathieu Pleyers, « n’y a-t-il pas, en effet, aujourd’hui, plus de proximité (en termes de rapports au travail) entre un cadre supérieur baby-boomer vivant en famille recomposée et en quête de nouveaux défis professionnels, et un jeune, fraîchement diplômé d’une grande école, pacsé depuis peu et qui entre sur le marché du travail, qu’entre ce jeune et un autre membre de la génération Y à faible qualification ayant déjà subi l’alternance de plusieurs emplois précaires et de périodes de chômage ? »

Faites-nous part à votre part de vos expériences concrètes. Nous y reviendrons très prochainement dans un de nos dossiers thématiques.
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Cliquez ici pour lire l’article complet consacré à la génération Y dans le journal Le Monde

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