La génération Y, prête à accepter un faible niveau de revenus ?

Une étude, révélée la semaine dernière par le quotidien britannique The Guardian, montre que la fameuse génération Y fait face à une diminution nette de ses revenus, parfois commencée avant même la crise de 2008. Les commentaires et observations de Denis Pennel face à une réalité matérielle qui pose question.

« Le moment d’entrée sur le marché du travail est déterminant pour l’ensemble de la carrière des individus. » Selon Denis Pennel, directeur général de la Confédération internationale des entreprises de recrutement et d’intérim (Ciett), les « Millennials », ces jeunes nés entre 1980 et le milieu des années 1990, vont probablement subir encore pendant des années les soubresauts du marché du travail. Une analyse rejoignant celle de l’étude du Guardian, s’appuyant sur les statistiques du Luxembourg Income Study (LIS). L’organisation, dotée de la plus grande base de données internationale concernant les revenus, souligne ainsi par exemple qu’en Italie, les moins de 35 ans ont en moyenne des revenus inférieurs à ceux des retraités de moins de 80 ans. Des jeunes qui, en Grande-Bretagne, voient leurs revenus après imposition augmenter trois fois moins vite que ceux des personnes âgées.

« Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’évolution historique est allée dans le sens d’une amélioration à la fois des revenus et du confort matériel. Nous sommes face à un changement de paradigme. » De fait, selon l’étude, depuis le début de l’histoire industrielle, les revenus des jeunes adultes n’ont pratiquement jamais autant baissé par rapport au reste de la société, mis à part lors de contextes exceptionnels, comme les périodes de guerre.

Une certaine précarité par ailleurs renforcée par des phénomènes connexes. « Nous sommes sûrement allés trop loin dans la massification de l’éducation, sans prendre le temps de s’assurer que cela correspondait aux besoins réels du marché du travail. Nous avons toujours besoin d’électriciens ou de plombiers : la preuve, on en manque », explique Denis Pennel. Avec pour effet de créer de faux espoirs chez certains jeunes, occupant des postes pour lesquels ils sont sur-diplômés. « Un bac +5 en 1978 n’a pas la même valeur qu’un bac+5 en 2016 », commente de son côté le sociologue spécialiste de la “seniorisation” de la société Serge Guérin, soulignant lui aussi les effets secondaires de l’accès de plus en plus généralisé aux études supérieures.

Réussir différemment

La bulle immobilière et la spéculation qui l’accompagne renforcent elles aussi la situation détériorée de la génération Y. L’augmentation des loyers et des prix d’achat de l’immobilier, non compensée par l’évolution des rémunérations, accentue les inégalités entre générations. Ces éléments font-ils pour autant des jeunes une génération sacrifiée ? Pas si sûr.  Denis Pennel relève un autre aspect différentiel entre générations : une conception différente de la réussite. En d’autres termes, pour beaucoup d’Y, le succès de la vie professionnelle réside moins dans le niveau de revenu que dans le bien-être et l’intérêt pour son travail.

De cette nouvelle relation à l’emploi découlerait également une autre vision d’une vie équilibrée : « Pour la génération de mes parents, le but était d’avoir une maison, une voiture, etc. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes, adeptes d’Uber ou de Blablacar, ne voient plus tellement l’intérêt d’acheter un véhicule. » Face à un contexte économique fluctuant, une génération pragmatique, optant plus facilement pour l’usage que la propriété.

Extraits d’un article de Claire Bauchart paru dans L’Opinion du 11 mars 2016

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