Le MR veut-il tuer le droit de grève?

C’est en tout cas ce que pense la CNE qui (re)publie ce jour un communiqué en écho au dépôt, par le Mouvement Réformateur, du projet de loi relatif au droit au travail. Selon le syndicat chrétien, via ce projet, le seul parti francophone du gouvernement veut faire porter le poids de la grève sur chacun des travailleurs et faire du droit collectif un droit individuel.

La CNE déclare en effet : « Pour rappel, le blocage de l’autoroute de Liège, qui sert de prétexte au MR pour tenter de torpiller le droit de grève, n’a pas besoin d’une nouvelle loi pour l’interdire. Cela a été souvent évoqué dans les médias, l’entrave méchante à la circulation et plus précisément, l’interdiction de bloquer une autoroute sont prévues dans la législation et il revient à la force publique de les faire appliquer, pas besoin d’inventer d’autres dispositifs. Mais nous le savons déjà, le blocage des routes n’est pas la cible essentielle pour le MR ; Ce que le MR veut casser, c’est la liberté qu’ont les travailleurs d’installer un piquet de grève à l’entrée de l’entreprise. Ses arguments pour cela : le droit au travail les jours de grève et des façons de faire qui date du siècle passé.
Bien au contraire, dans les faits, si on veut que chaque travailleuse et travailleur puisse exercer son droit de faire grève, le piquet est bien plus indispensable qu’il y a trente ans. Nous constatons d’ailleurs qu’un nombre croissant de travailleurs nous demandent d’installer un piquet. Les causes : précarisation du contrat de travail, précarisation de la rémunération et précarisation du marché du travail. »

Le syndicat justifie son argumentation par des exemples concrets – légèrement caricaturaux, ndlr – qui se présenteraient de manière de plus en plus récurrente sur le terrain. C’est de précarisation des contrats, des rémunérations et du marché du travail qu’il s’agit.

• le travailleur sous contrat à durée déterminée ou intérimaire qui décide de faire grève sans y être ‘contraint’ par un piquet ne voit pas son contrat prolongé;

• le travailleur à temps partiel involontaire qui fait grève sans piquet n’a plus aucun espoir de voir son horaire augmenté (dans le même sens, le faux indépendant, le stagiaire, le remplaçant, l’étudiant, le sous-traitant, le travailleur à la pige, etc…);

• la participation d’un cadre à une grève sans y être ‘contraint’ par un piquet relève de la trahison pour sa hiérarchie et emmène celui-ci à une impasse professionnelle,

• la part de la rémunération qui est devenue aléatoire et soumise au bon vouloir de la hiérarchie (primes au mérites, objectifs…) est rabotée pour ceux qui participent à une grève sans piquet…

Et de rappeler que cette dérive n’est pas soutenue à l’échelon européen: « Même l’Europe ne s’y est pas trompé car comme vous le savez sans doute, la Belgique a déjà été condamnée parce qu’elle permet des procédures unilatérales devant un tribunal qui aboutissent parfois à la levée obligatoire d’un piquet de grève. »

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