Les pénuries de talents restent, les stratégies évoluent

Selon la dixième enquête consacrée par le groupe Manpower aux pénuries de talents, 24% des employeurs belges éprouvent des difficultés à pourvoir leurs postes vacants. Les fonctions critiques restent relativement identiques et pourtant, nos entreprises tardent encore à modifier leur appréhension de cette problématique qui freine leur développement…

L’enquête a permis de sonder près de 42.000 responsables de recrutement dans 42 pays et territoires (751 en Belgique). La crise persistante avait occulté les pénuries. Aujourd’hui, alors que l’économie retrouve peu à peu le chemin de la croissance et que les perspectives s’éclaircissent à nouveau, les difficultés à trouver du personnel qualifié se font à nouveau ressentir auprès de 24% des employeurs en Belgique – et même 38% au niveau mondial.

C‟est un paradoxe (inadmissible, rappelons-le), alors que notre pays compte près de 460.000 demandeurs d‟emploi indemnisés et que les derniers chiffres d’Eurostat ont recensé 83.000 emplois vacants en Belgique.

A l’analyse, l’enquête relève les tednances suivantes: « au cours des trois dernières années, la crise avait occulté le phénomène des pénuries de main d‟oeuvre et le pourcentage d‟employeurs éprouvant des difficultés de recrutement était descendu à 13% l‟an dernier. Aujourd‟hui, ce pourcentage est remonté à 24% au niveau national. La hausse est perceptible dans les trois régions, avec le chiffre le plus élevé (26%) en Flandre et à Bruxelles, une hausse de 14 et 9 points respectivement). Les pénuries se font un peu moins ressentir en Wallonie: 18%, soit une hausse de 9 points. Les pénuries de talents hypothèquent la compétitivité de nos entreprises. Et ce problème ne fera que s’aggraver au fur et à mesure que la reprise sera plus solide et que les évolutions et les réformes du marché du travail seront encore plus effectives. Pensons seulement au vieillissement, au numérique et aux nouvelles technologies qui accélèrent l’obsolescence des compétences ou font émerger la demande de nouveaux profils (les cols gris par exemple).”

Comparaison internationale

Au niveau mondial, les pénuries de talents sont au plus haut depuis sept ans et touchent 38% des employeurs. Dans la région EMEA, la situation est légèrement meilleure avec 32% éprouvant des difficultés à pourvoir leurs postes vacants. C‟est d‟ailleurs le chiffre le plus élevé depuis 2008. Comme lors des années précédentes, le Japon (83%) est le pays le plus touché – le vieillissement de la population aggrave la tendance. Il est suivi par le Pérou (68%), Hong Kong (65%) et le Brésil (61%) ou l‟Inde (58%). On observe des chiffres encore élevés, bien qu‟en-dessous de la moyenne mondiale, aux Etats-Unis (32%) et en Chine (24%).
La pénurie de main d‟oeuvre se fait ressentir de façon très différente dans chaque pays européen. On observe les plus grosses difficultés en Roumanie (61%), en Grèce (59%) – un résultat surprenant au regard de la situation économique – et en Turquie (52%). Les pays les moins touchés sont les Pays-Bas, l‟Espagne et le Royaume-Uni (tous trois à 14%), ainsi que l‟Irlande (11%). Les employeurs allemands sont fortement impactés (46%) et malgré son taux de chômage important, les employeurs en France (29%) rapportent également un score assez élevé. Comme déjà expliqué, 24% des 751 employeurs sondés en Belgique éprouvent des difficultés à remplir leurs postes vacants. La tendance à la baisse observée au cours des trois dernières années est brusquement interrompue et le pourcentage est presque doublé par rapport à l’an dernier : de 27% en 2012, 22% en 2013 et 13% en 2014.

Quels métiers en pénurie ?

La liste des métiers en pénurie a peu évolué en dix ans. Depuis dix ans, l’enquête menée par le groupe Manpower dresse une liste des postes les plus difficiles à pourvoir dans notre pays. Nouveauté cette année, à côté de la liste nationale, on trouve également un top 10 pour les trois régions du pays. Le constat est clair: on observe peu de modifications dans la liste au cours de ces 10 ans. Il y a également peu de différences marquantes entre les régions. Les ouvriers qualifiés (électriciens, soudeurs, maçons…etc.) arrivent en tête au niveau national pour la quatrième année consécutive et également dans les trois régions. Ils sont suivis par les profils commerciaux (en hausse de 6 places par rapport à l‟an dernier), les techniciens (présents sur la liste sans interruption depuis 10 ans), les comptables et les profils financiers (présents sur la liste dans huit des dix éditions de l‟enquête) et les chauffeurs (présents sans interruption depuis le lancement de l‟enquête). Après le top 5, on trouve les profils IT (6e, en progression de quatre places par rapport à l‟an dernier), les secrétaires, les assistant(e) de direction, les réceptionnistes et les fonctions administratives (7e, repris neuf fois sur la liste) , les ingénieurs (8e, en recul de 5 places par rapport à l‟an dernier), les project managers (9e, nouveau sur la liste en 2015) et les ouvriers non qualifiés (10e). ll semble que l’attractivité des métiers techniques et des études scientifiques n’ait pas progressé. Le manque de connaissances linguistiques pèse également encore cette année sur la composition de ce top 10.
A côté des ouvriers qualifiés qui arrivent en tête des fonctions critiques dans les trois régions, les profils commerciaux et les techniciens occupent la deuxième et la troisième place en Flandre. Les profils commerciaux, les comptables et les profils financiers sont numéro 2 et numéro 3 à Bruxelles, tandis qu‟en Wallonie, les comptables et les profils financiers occupent la deuxième position et sont suivis par les chauffeurs.

Quelle stratégie pour y répondre ?

Malgré la pression croissante, les employeurs sondés semblent moins nombreux que l’an dernier à s‟inquiéter des conséquences des pénuries de main d‟oeuvre. En effet, 38% des employeurs concernés estiment que cette situation a un impact négatif sur leur capacité à servir leurs clients, un pourcentage élevé mais en baisse de 10 points par rapport à l’an dernier. Cependant, ceux qui s’en plaignent ressentent une baisse de productivité (40%), une hausse des coûts salariaux (28%) et une baisse de leur capacité d‟innovation (27%).
Autre constat interpellant : 34% des employeurs touchés par les pénuries (contre 25% l‟an dernier) n‟ont pas mis en place de stratégie pour y faire face. Ceux qui s‟y attaquent, mettent en place de nouveaux modes d‟organisation du travail (38%), revoient leurs pratiques de gestion des ressources humaines (34%) ou redéfinissent leurs méthodes de recrutement et leurs sources de talents (13%).
Plus concrètement, les employeurs déclarent faire davantage appel à des intérimaires ou des solutions apportant de la flexibilité à leur organisation (27%). Ils adoptent de nouvelles méthodes de recrutement notamment via l’utilisation des réseaux sociaux (21%), investissent davantage dans la formation de leur propre personnel (17%). D‟autres redéfinissent leurs procédures de travail en répartissant le travail entre les équipes (11%) ou font davantage appel à des sources de talents moins utilisées, comme par exemple les travailleurs âgés ou des personnes avec un handicap (7%).

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