Le secteur de la construction préoccupé face à un double défi: la numérisation et la terrible pénurie de talents.

L’Association des Entrepreneurs Belges de Grands Travaux (ADEB) publie les résultats de son cinquième Baromètre Annuel sur la confiance des entrepreneurs de grands travaux. Il comporte trois volets; l’état de santé des entreprises de grands travaux, la confiance des dirigeants dans le futur ainsi qu’un point sur l’état des infrastructures et l’emploi dans le secteur. Nous y apprenons entre autres que pas moins d’une entreprise sur 5 se déclare en situation préoccupante.

Si le printemps a vu fleurir de nombreux chantiers, la situation économique des entreprises belges de grands travaux ne s’est pourtant pas améliorée. En effet, il s’agit d’un « rattrapage » des chantiers retardés ou reportés durant les dernières années. A l’heure actuelle, 19% des entreprises déclarent leur situation préoccupante; un chiffre stable depuis l’année dernière. Ces chiffres sont corrélés par les données de l’activité des entreprises membres de l’ADEB puisque 15% d’entre elles ont enregistré une activité similaire à l’année précédente et 11% d’entre elles, une diminution de leur activité.

9 patrons sur 10 confiants quant à l’avenir

Par contre, 91% des dirigeants déclarent être confiants à très confiants dans les perspectives à 12 mois. La moitié des entreprises dont la situation est jugée préoccupante devrait donc voir sa situation s’améliorer en 2018.
Ils soulignent, toutefois, la problématique des soubresauts de l’investissement public.

La pénurie de personnel qualifié, première préoccupation des dirigeants

Au centre des préoccupations des directions de la construction, la pénurie de personnel qualifié (47%), suivie de la concurrence sur les prix (32%), la charge administrative (9%), le manque d’investissements publics (6%), le dumping social et la concurrence déloyale (4%) et la question de la pérennité des entreprises (2%).

En 2017, les entreprises ont engagé 692 personnes supplémentaires portant le nombre total d’emplois directs dans le secteur des grands travaux à 17.814 personnes; soit une augmentation de 3,9% (3,5% à périmètre constant, l’organisation ayant accueilli de nouveaux membres).

92% des entreprises désirent embaucher mais la majorité n’y parviendra pas
Du côté de l’embauche, 92% des entreprises déclarent vouloir engager en 2018, soit une augmentation de 11% par rapport à 2017. Toutefois, 2/3 d’entre-elles estiment qu’elles ne trouveront pas les candidats qu’elles recherchent. Un problème qui ne fait que croître, d’année en année. Les entrepreneurs estiment qu’environ 10% des fonctions ne sont pas pourvues.
La pénurie concerne tant les ouvriers que les employés; tels que gestionnaires de chantier, ingénieurs, techniciens, spécialistes BIM et numérique ainsi que les ouvriers qualifiés.

Le secteur des grands travaux face aux défis de l’ère numérique

L’Association a également interrogé ses membres quant à leurs manières d’envisager l’avenir. Les principaux défis à relever sont: l’intégration de la technologie (BIM, IoT, impression 3D, drône, senseurs,..) pour 42% d’entre-eux, la difficulté de trouver le personnel qualifié pour 31%, la disparition des savoir-faire pour 12,5%, l’évolution du secteur pour 10% et le dumping social pour 4%.
Afin de préparer au mieux l’avenir, les entreprises optent pour une transformation profonde de leur organisation (38%), la formation du (futur) personnel (34%), la nécessaire adaptation du cadre légal et fiscal (13%), la mutualisation des ressources (11%) et la consolidation du secteur (3%).

Face à ce monde qui évolue de plus en plus vite, les dirigeants soulignent l’importance du développement de compétences douces (soft skills), dès l’école, comme la capacité d’adaptation (32%), la créativité (24%), la collaboration (22%) et la communication (22%).

Favoriser la formation en alternance

Il est indispensable que les écoles et universités forment les élèves aux compétences dont le pays et le secteur ont besoin. L’ADEB encourage vivement la formation en alternance tant pour les métiers manuels qu’intellectuels ainsi que le développement de filières techniques intégrant le numérique.
Face à ces constats, l’ADEB lance un appel à tous les élèves en alternance et candidats-stagiaires: les entreprises de grands travaux accueillent tous les étudiants qui désirent rendre concrète leur formation concrète et découvrir un secteur en pleine mutation (pour une durée minimale de 3 mois). Ensemble, l’ADEB et ses membres vont renforcer leur communication afin d’améliorer l’attractivité du secteur.

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