Suppression des barèmes à l’ancienneté? Premier feu syndical…

« Une proposition déplacée et régressive »… Le ton est donné. La CNE a été la première à réagir aux déclarations d’intention de l’Open VLD visant à déposer une proposition de loi en vue de diminuer le poids de l’ancienneté dans la constitution des salaires. Sans verser dans la précipitation, nous pouvons affirmer que cette initiative politique présente à minima un réel intérêt : celui d’ouvrir une piste de réflexion absolument nécessaire en vue de contrer le chômage des + de 55 ans qui ne fait que progresser au contraire des autres segments de population…

La CNE rappelle en premier lieu que « l’ancienneté est l’un des critères pris en compte dans les secteurs et entreprises où les salaires sont négociés collectivement, et que dès lors cette mesure concernerait des centaines de milliers d’employés et une bonne partie des ouvriers. »

Elle s’étonne également « de cette intrusion du politique dans une matière qui relève de la pure concertation sociale. La constitution des salaires relevant du partage de la richesse produite dans les entreprise, il revient aux interlocuteurs sociaux de définir ensemble, dans les secteurs et les entreprises, les critères et les modalités selon lesquels les salaires sont fixés. »

Poursuivant son argumentation, l’organisation syndicale met ensuite en évidence le challenge que peut constituer cette proposition vis-à-vis de la dynamique globale de concertation sociale: « Si les interlocuteurs sociaux ont justement négocié des barèmes à l’ancienneté, c’est parce qu’ils reconnaissent la plus-value de l’expérience acquise par les travailleurs tout au long de leur carrière professionnelle et estiment qu’elle doit être récompensée, tout autant que le niveau de qualification initial (diplôme, formation) ou les compétences requises par la fonction. Il existe d’ailleurs aujourd’hui toute une panoplie de systèmes de fixation des salaires qui permettent de valoriser l’ancienneté des travailleurs et travailleuses : prime de fidélité à l’entreprise, reprise de l’ancienneté dans le secteur, reconnaissance de l’expérience professionnelle… Chaque secteur et entreprise peut ainsi définir un système propre, adapté à sa réalité et négocié par les organisations patronales et syndicales. »

Retour à la méritocratie ?

Plus inquiétant peut-être, c’est lorsque la CNE insiste sur la volonté politique d’installer une corrélation entre la rémunération et la performance que la position syndicale semble décalée de la réalité de l’entreprise. Elle précise en effet: « C’est visiblement cette application automatique et collective qui dérange les libéraux flamands : en diminuant le poids de l’ancienneté dans la constitution des salaires, l’Open Vld espère sans aucun doute glisser vers une rémunération individuelle et subjective, dans laquelle les travailleurs se retrouvent à la merci de leur employeur et en concurrence les uns avec les autres, comme le salaire au mérite, aux objectifs, les bonus… Car au-delà de de l’ancienneté, c’est bien entendu la logique des barèmes qui se trouve dans le viseur. En effet, si les attaques de l’Open Vld contre la prise en compte de l’ancienneté dans les salaires aboutissaient, tous les arguments utilisés pourraient s’appliquer également à la barémisation. Or, le système de barèmes et de classification de fonctions qui s’y rapporte permettent, on le sait, d’objectiver les salaires et de diminuer les inégalités entre les travailleurs selon le principe « à travail égal, salaire égal ». Si on supprime le socle que constituent les barèmes, la concurrence entre les entreprises se fera sur le dos des travailleurs : les « meilleurs » pourront négocier de bonnes conditions salariales, et l’énorme majorité, qui n’a pas de pouvoir de négociation, devra se contenter de mauvais salaires. D’autant plus dans un contexte où le chômage de masse et l’abondance des contrats précaires constituent déjà une pression énorme sur les salariés. Nous continuons donc à défendre vigoureusement un système de rémunération dont les bases sont négociées collectivement, entre interlocuteurs sociaux, aux niveaux interprofessionnel, sectoriel et des entreprises. »

Dès à présent, et sans présager des positions qui seront développées par les autres membres du groupe de concertation des Dix, le débat nous apparaît à la fois très intéressant et, surtout, fondamental dans la perspective d’un nouvel équilibre en matière de financement de nos mécanismes de solidarité.

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