« La Wallonie a les employeurs les moins modernes du monde » !

A l’heure d’entamer son discours de clôture du congrès de la CSC wallonne ce samedi 13 mai, le secrétaire national Marc Becker se demandait qui il chargerait en premier lieu : le gouvernement ou les employeurs. Ce sont les patrons wallons qui en ont pris pour leur grade. Son discours en intégralité, ci-après, à lire avec bienveillance cela va de soi.

« Il me revient de clôturer ce Congrès et comme premier contre-pouvoir en Wallonie, je me suis demandé s’il fallait commencer mon intervention en chargeant d’abord le gouvernement et puis les employeurs ou en chargeant d’abord les employeurs et puis le gouvernement.
C’est toujours un choix compliqué car implicitement… cet ordre est interprété ! Et je crois qu’il faut pouvoir l’interpréter !
Et donc… je donnerai l’honneur d’être pourfendu en premier, à Mesdames et Messieurs des organisations patronales !
Certes, vous allez me dire que nous avons pu conclure un pacte pour l’emploi et la formation durant cette mandature ! Qu’il est donc possible de négocier avec les employeurs wallons !
Certes ….. !!!! Mais ce fut extrêmement compliqué !
Et ce fut surtout dogmatiquement harassant ! … Et c’est cela qui est le plus inquiétant !
Je crois que la Wallonie, a sans doute les employeurs les plus réactionnaires, les plus old fashioned, les moins modernes… du monde !
Non… je n’exagère pas ! Mais après des centaines d’heures de négociation avec eux, je n’ai entendu que :
– Les entreprises sont étranglées par les impôts et les syndicats
– Il n’y a pas de main d’œuvre qualifiée
– Notre Région est une région en voie de développement …
Certes, on compare sans cesse la Wallonie à ses voisins, on la compare aux meilleures économies du monde et, je suis d’accord, il faut être ambitieux !
… Mais si nous sommes dans le bas de la 1ère division, voire dans le haut de la 2ième division, nous ne sommes pas en provinciale et donc, nos entreprises devraient une fois pour toute, arrêter de nous dire que dans une économie du tiers monde, il n’y a pas de marge pour le progrès social.
Il y a en Wallonie, quantité d’entreprises qui fonctionnent éminemment bien et qui engendrent des profits importants.
Des entreprises qui sont des leaders mondiaux dans leurs secteurs.
Des entreprises qui grandissent, qui se développent.
L’Agence wallonne à l’exportation (l’AWEX) enregistre chaque année une croissance de ses exportations largement supérieure à celle de nos voisins.
Et puis, il y a un réseau de PME, qui souvent sous-traitent pour ces entreprises et qui se développe lui aussi de plus en plus … et ce réseau se porte de mieux en mieux.
Nous avons des pôles de compétitivité que le monde entier nous envie.

Pourtant, malgré ces signes positifs, nous avons face à nous une organisation représentative des employeurs qui joue le non-dialogue.
Mais… est-elle ou plutôt sont-elles vraiment représentatives ?
Quand j’ai l’occasion de croiser de vrais patrons d’entreprises, quand j’ai l’occasion de croiser des patrons de PME et je peux vous dire que j’en connais un nombre important, … , ils me disent tous qu’ils ne comprennent pas toujours le discours de l’UWE ou de l’UCM… qui devraient être davantage dans le dialogue car beaucoup trouvent effectivement qu’on pourrait davantage répartir les richesses.
…. Parce que… même en Wallonie… il y a beaucoup d’endroits où il y a de la richesse à répartir.
Mais nous avons face à nous de « vieilles organisations un peu sclérosées » qui réagissent sur base de « dogmes ».
… Messieurs les Employeurs, les travailleurs sont rentrés depuis longtemps dans la modernité… il serait temps que vous y rentriez aussi. Les investissements, les investissements en matière de recherche, les investissements en matière de formation…. Tout cela est à la traine. Or c’est cela la clé de la réussite.
Vous vous êtes engagés à doubler le nombre de place de stage en entreprise et à faire de l’alternance une filière qualifiante à part entière.
Aujourd’hui ….. NADA !
Et vos réticences quand on vous demande quelques cents d’augmentation pour le travail que ces stagiaires effectuent !
Vous êtes ridicules !
J’ai un paquet de potes qui sont patrons de PME. Quand je leur parle de vos réactions dans une négociation…. Ils rigolent !
Cette attitude patronale pourrait faire sourire si elle n’était pas tout simplement un frein au développement économique et social de la Wallonie.
Alors, Messieurs les employeurs, il va maintenant falloir faire des choix… enrichir vos actionnaires aujourd’hui, voir petit, ou mettre en place un développement économique durable et soutenable pour demain.
Sachez que dorénavant, on veillera davantage encore, à cibler vos incohérences et vos discours contre-performants !


La Wallonie a été ces dernières années la cible de nombreux reproches de par sa gestion et de par sa structure.
Il y a un sentiment mitigé qui me revient quand j’y pense.
A la fois, on ne peut nier que depuis maintenant quelques années, des efforts importants ont été fait pour améliorer la gouvernance de notre région.
La question des cumuls, l’augmentation de la transparence de la gestion politique ont certes, amélioré l’image de la Wallonie. Notre région va d’ailleurs beaucoup plus loin en matière de transparence et de règles de non-cumuls que toutes les régions qui nous entourent. On peut encore toutefois faire mieux ! Et même … beaucoup mieux !
Par ailleurs, Marshall 4.0, successeur des autres plans Marshall est un véritable plan de développement économique.
Un patron flamand me disait récemment, « On ne sait pas si Marshall est le bon plan économique… mais au moins… en Wallonie il y a un plan de développement économique »
L’Alliance « Emploi-Environnement » est un concept unique au Monde et a des résultats éminemment intéressants.
La volonté de privilégier le dialogue social et le respect des décisions du GSPw sont aussi des signes important de modernité.
Et pourtant, … il ne faudrait pas se dire que tout va très bien dans le meilleur des mondes.
Je dois même vous dire que je suis relativement inquiet sur une série de dossiers en cours ou à venir.
Le premier est lié à la situation budgétaire de la Wallonie.
… Certes, on peut faire belle figure mais il faudra un jour jouer de transparence ! Le masque va tomber !
La transparence ne doit pas concerner que les mandats… Elle doit aussi se faire sur la situation budgétaire.
En décidant en début de législature qu’il n’y aurait aucune taxe ou impôt nouveau le gouvernement wallon s’est trompé de A à Z.
Des taxes ou des impôts ce ne sont pas des « gros mots » …. Il suffit juste de les appliquer justement.
De les appliquer à celles et ceux qui en sont redevables.
Les plus riches, les plus pollueurs, les plus profiteurs, les plus exploiteurs… et si, ce gouvernement wallon était rentré dans cette dynamique, il n’aurait pas aujourd’hui une dette qui s’accumule et qui va se reporter sur le dos de nos enfants et surtout, qui risque, à un moment donné, de freiner la Wallonie dans ses projets de développement et d’investissement.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. On est véritablement en danger sur le plan financier.

Ce matin, nous avons adopté une résolution sur l’importance d’une assurance autonomie en Wallonie. Une assurance autonomie pour toutes et tous et ce quel que soit le niveau de dépendance.
Inscrit en tant que tel dans la Déclaration de Politique Régionale, ce projet est aujourd’hui en rade !
On évoque des raisons budgétaires… on évoque aussi à demi-mot des raisons politiques !
On sait que ce n’est pas la tasse de thé d’un des partenaires du gouvernement.
Je vais être très clair !
A partir de ce samedi 13 mai 2017… ce sera une des priorités de la CSC wallonne.
Nous n’accepterons jamais… je dis bien jamais ! que ce projet passe à la trappe ou aux oubliettes.
Je me fous des divergences de vue de la majorité gouvernementale.
C’est dans la déclaration de politique régionale… ce doit être une réalité de la fin de législature.
C’est un enjeu fondamental pour les wallonnes et les wallons.
Par la porte ou par la fenêtre… cela doit être sur les rails en 2019.
Par ailleurs dans un même ordre d’idée et sur un sujet proche, je voudrais attirer votre attention sur l’inquiétude de la CSC wallonne quant à la mise en place du nouveau modèle d’allocations familiales.
La Wallonie s’est engagée à développer un nouveau modèle, suite à la 6ième réforme de l’Etat, et ce, en concertation avec les autres régions, au 1er janvier 2019. Le nouveau modèle a des aspects positifs, il en a d’autres plus négatifs. La CSC wallonne aurait préféré un montant de base moins élevé et des compléments sociaux plus élevés, mais soit ! C’est décidé. Quant à la mise en place en janvier 2019… Je dis purement et simplement que c’est de la folie.
Transférons l’ancien modèle au 1er janvier 2019 – ok !
Rodons le mécanisme. Répondons aux imperfections. Pas de problème.
… Et puis, ajoutons un nouveau modèle (puisqu’on va devoir fonctionner avec deux modèles pendant 25 ans) … ajoutons un nouveau modèle le 1er janvier 2020.
Aller trop vite, c’est prendre beaucoup trop de risques.
Les allocations familiales…. C’est un enjeu financier fondamental pour la toute grande majorité des familles de Wallonie. Si des couacs devaient se produire ce serait une catastrophe, pour les bénéficiaires, mais, aussi, et je le crains, pour la cohérence politique de notre région.
Enfin, je voudrais terminer ce bulletin au monde politique en évoquant le rôle des interlocuteurs sociaux dans une société démocratique et moderne.
Le monde politique qui ne comprend pas le rôle des corps intermédiaires c’est un monde politique qui n’a rien compris !
Si nos dirigeants veulent être en phase avec la réalité vécue par sa population ce n’est pas au travers de panels citoyens, referendum ou autres parlements citoyens qu’il faut le faire.
La réalité de la population, c’est nous, les corps intermédiaires qui pouvons au mieux l’appréhender.
Les syndicats, les mutuelles, les CPAS, une série d’associations sociales ou familiales… c’est là que le pouls de la société bat.
S’en séparer… c’est s’éloigner de la population et c’est donc, rendre notre société… un peu moins démocratique, mais surtout… notre société un peu moins juste et un peu moins équitable !
Il faudrait, dès lors, que cesse une série de petits signes qui, à tout le moins, pourraient faire croire que l’écoute des corps intermédiaires est un modèle dépassé.

Je voudrais terminer brièvement sur un chapitre vis-à-vis de l’interne, vis-à-vis de notre organisation… la CSC wallonne.
Vous savez toutes et tous que nous vivons des changements importants.
Nous avons fait un seul organisme de paiement des allocations de chômage pour toute la Wallonie. Ce n’est pas rien. Et pour nos 260 employés de l’organisme de paiement, c’est une modification fondamentale. Nous réfléchissons à l’avenir des fédérations wallonnes. La CSC flamande s’est restructurée, beaucoup d’institutions publiques le font aussi. On ne peut rester au statu quo. Nous débattons de l’organisation des services avec les Centrales professionnelles… Bref… nous débattons des défis de demain.
C’est aussi important de se remettre en cause et ce n’est pas une mince affaire. C’est fondamental. L’organisation doit aussi évoluer et c’est une lourde machine et ce n’est pas simple.
Parce que nous sommes, nous aussi une entreprise avec plusieurs centaines de travailleurs, pour lesquels nous avons le plus grand respect et avec qui il va falloir opérer des changements à cette transition.
Parce que nous voulons aussi, demain, assurer encore un meilleur service vers nos affiliés, un meilleur soutien vers nos militants et nos délégués.
Parce que tout simplement, nous voulons, une CSC wallonne plus forte encore demain et après-demain. »

Marc Becker, secrétaire national de la CSC

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